lundi 2 avril 2012

Derniers jours au Cambodge

Je n'ai pas écrit depuis le 13 mars.  Moins le goût et pas toujours envie de passer des heures à écrire. Mais, ai-je vraiment eu le temps?

Depuis mon retour au Cambodge, je suis allée à Kep pour fermer le chantier.  Nous avons tout ramasser et finalement, avons laissé tout le matériel pédagogique qui devait revenir au Québec.  J'espère que le directeur a réellement compris qu'il devait le ranger pour les profs de l'année prochaine.  La première fois que je lui en ai parlé, il semblait avoir compris.  Le lendemain, j'y suis retournée, car j'avais comme une intuition...  Heureusement, il m'a dit que c'était le matériel à mettre à la bibliothèque.  Non!  Et j'ai répété.  Comme les kmers disent toujours qu'ils ont compris, on saura l'année prochaine ce qu'il a réellement compris. 

Franchement, il y en avait beaucoup de matériel, des jeux, des livres, etc.  Les profs en avaient apporté et moi aussi, j'ai aussi fait apporter des livres et autre matériel par ceux qui avaient un peu de place dans leurs bagages. Par contre, plus personne n'avait de place pour rapporter le matériel au retour.  En voyage, les bagages prennent du poids.  Moi, j'ai même acheté une valise supplémentaire pour la première fois de ma vie.  Je  ramène quelques manuels scolaires, mais aussi des kilos de poivre de Kampot, l'un des meilleurs au monde. Avis aux intéressés! 

Vendredi matin, une rencontre de bilan et projection future avec la directrice , le directeur de l'orphelinat, l'adjoint du gouverneur (je pense) et une administratrice de... (j'ai pas trop compris), l'équipe 3 de Kep, Pierre-Jacques, le coordonnateur de notre projet et moi. Tout ce beau monde était enchanté du travail fait par les trois équipes qui ont travaillé à cet orphelinat et, nous serions bienvenue l'année prochaine. Il faut dire que ça parait que nous sommes passés par là.  En plus,  de beaux liens se sont créés entre les kmers et les québécois. 

En fin d'après-midi, ce fût encore une fête avec les enfants, le personnel et les bénévoles québécois.  Nous avons encore eu l'occasion de pratiquer les danses kmers apprises lors de la première fête.  Il y avait de l'émotion et des larmes lors des adieux.  Ce peuple joyeux est très attachant.

Je suis ensuite revenue à Phnom Penh pour une dizaine de jours pour finaliser mon travail.  Nous projetons revenir l'année prochaine à Phnom Penh en plus de Kep. Il y a beaucoup de travail de rénovation à faire, mais pour l'enseignement du français, chaque centre a sa façon de faire.  Aussi, je voulais retourner dans les centres pour assister aux cours et comprendre le fonctionnement des bibliothèques.  Mon but est de préciser la tâche qui attendrait les enseignantes qui viendront à Phnom Penh.  Ce n'est pas évident.  Ce que j'ai vu cette année pourrait ne plus exister l'année prochaine.  Il est question de cesser les cours de français, car les professeurs ne correspondent pas aux attentes d'Aspeca. Il est vrai que je me suis endormie lors d'un cours... Donc, il faut tenir compte de toutes les possibilités avant de faire une offre de service.

J'ai trouvé un hôtel près des centres où nous pensons intervenir. J'ai visité l'Institut français où nous pourrions emprunter du matériel (livres, CD, DVD, matériel pédagogique).  Il y a une librairie avec beaucoup de matériel pédagogique, des films, un restaurant... Bref! Un endroit intéressant à fréquenter pour des résidents francophones.  Je suis partie en banlieu pour la fin de semaine dans un resort français qui a une belle piscine, histoire de trouver un lieu de fraîcheur pour les bénévoles qui seraient en ville. J'ai passé ainsi une dizaine de jours seules à Phnom Penh avant le retour de l'équipe 3 qui étaient parties à Siem Reap avec Pierre-Jacques pour le volet culturel du séjour. 

Après leur départ, je suis restée avec Pierre-Jacques pour accueillir notre principal donateur, le président du Club Rotary de Rivière-du-Loup. Lui et sa compagne étaient très sympathiques et ce fût pour moi deux journées agréables.  Je n'étais pas vraiment pressée de repartir seule, en vacances cette fois pour Sihanoukville. J'en ai profité pour retourner visiter The Killing Fields, le camp d'exécution des suppliciés des Kmers rouges.  Cette année, il y a des audio-guides qui racontent les événements  et des témoignages touchants de victimes dans une excellente traduction en français. Extrêmement troublant!

Nous sommes donc partis en même temps, eux pour Siem Reap et moi, pour Sihanoukville pour six jours de repos au bord de la mer.  J'avais choisi un hôtel avec piscine, mais avec la plage, ce n'était pas vraiment utile.  Par contre, ma chambre était la plus propre que j'ai eu ici.  J'ai donc passé beaucoup de temps à lire et à me baigner sur la plage, toujours au même endroit, le même que j'avais adopté depuis l'année dernière.  Les chaises longues sont plus propres qu'ailleurs. Être une habituée de l'endroit, facilite les choses quand on est seule et que l'on veut aller marcher, ou se baigner.  J'avais l'impression que le jeune garçon du restaurant avait un oeil sur mes choses.  Je lui ai donné des cours de français, corrigé son devoir d'anglais et j'ai bien ri en essayant de lui enseigner la chanson de l'alphabet.  Il faussait tellement... Nous avons bien rigolé.  Il m'a enregistré et je l'ai vu travailler tout l'après-midi avec les écouteurs sur les oreilles.  J'ai pensé que ce n'est pas chez nous que nous verrions un garçon d'environ quatorze ans qui travaille,  prendre tous les moyens du bord pour apprendre les langues étrangères. J'ai fait aussi plus ample connaissance avec Phella, la jeune fille de qui j'achète un fruit à tous les jours (la même que l'année dernière), ainsi qu'avec Pay, une femme qui fait des massages, pédicure et manucure, comme bien d'autres, sur la plage.  Chaque histoire me fait réaliser combien nous avons la vie facile chez nous.  Imaginez, travailler de 8h à 17h et même plus tous les jours au soleil et habillé chaudement pour ne pas exposer le moindre bout de peau au soleil.  Les cambodgiens ont la peau plus foncée que les autres peuples de la région et, aiment la peau claire.  Donc, grand chapeau, col roulé, manches longues et gants.  Les femmes se baignent habillées.

Je me suis faite une amie franco-kmer qui était toute seule aussi. Elle vit à Paris et nous avons beaucoup échangé.  Sa mère, son père et leurs sept enfants ont fui en Thaïlande à pied quand Phnom Penh a été vidée par les Kmers rouges.  Ensuite, la France les a accueilli. Le père est resté en Thaïlande et elle l'a revu pour la première fois, il y a 6 ans.  C'était une famille très à l'aise qui a dû tout abandonné pour sauver leurs vies.  Une histoire parmi tant d'autres.  J'en ai entendu plusieurs, toutes plus tristes les unes que les autres.  Certains sentent le besoin de parler, d'autres gardent le secret. Nous, on se demande comment ils peuvent continuer à vivre après des traumatistes semblables.  Pol Pot était un tyran de la pire espèce, son  idole était Hitler et il a fait pire.  Oui, on n'exécutait pas le peuple dans des chambres à gaz, mais avec des outils agricoles après les pires tortures.  Évidemment, aucune nourriture ne leur était donnée.

De retour à Phnom Penh pour la dernière fois, j'y retrouve cette fois deux couples qui arrivent du Myanmar, ainsi que Pierre-Jacques qui se retrouvera définitivement seul après notre départ aujourd'hui.

Nous quittons Phnom Penh ce soir à 23h30 pour Séoul.  Ensuite, ce sera Séoul-Toronto pour un vol de 14 heures et finalement, je reviendrai à Québec mardi en fin d'après-midi.

Finalement, je pense que je n'ai pas eu le temps d'écrire et j'espère mettre des photos et autres articles bientôt.  Mais aurais-je le temps à Québec?  Ce qui m'attend est la routine que vous vivez tous. Donc, rapport d'impôt d'abord.  Il me faudra ouvrir le courrier de presque trois mois, classer les factures, reçus, etc.  Lavage, ménage, courses, cuisiner, pneus d'hiver à changer, changer les vêtements de saison, etc.... Et retrouver mes deux beaux minous à gâter!  La vie normale quoi! 
Il faudra m'y faire.